JOUR 1
Samedi 7 juillet 17:00, les quatre valises sont bouclées et Jiri, grand amateur de casse-têtes, accomplit encore une fois une prouesse en réussissant à caser tous les bagages ainsi que nous-mêmes dans la voiture et ce, ... en obligeant personne à voyager sur le toit...
Tout se passe à merveille : la route est dégagée, pas d'engorgement à l'enregistrement des bagages, pas de retard dans les horaires, ... La partie la plus inconfortable à supporter restera sans doute le laps de temps à "tuer" dans l'aéroport entre 23:30 (arrivée à Delhi) et 5:15 (heure du décollage pour Leh).
Première petite anecdote à l'indienne :
Arrivés à l'aéroport de Delhi, nous devons récupérer nos bagages et les faire réenregistrer à un autre terminal. Comme beaucoup le savent maintenant, en Inde, vous n'êtes autorisé à entrer dans un aéroport que si possédez la preuve de l'achat d'un billet que vous présentez à la charmante préposée, oups, ... je voulais dire au militaire à la mine (parfois/souvent) patibulaire à l'entrée. Dans ce cas-ci, le jour et l'heure du décollage de notre avion pour Leh mentionnés sur nos billets étaient le dimanche 8 juillet à 5:15, alors qu'à ce moment précis, nous étions encore et toujours le samedi 7 juillet ... (eh oui, puisqu'il n'était que 23:30). C'est donc avec la mine de circonstance que notre militaire nous a déclaré dans l'impossibilité de nous faire entrer dans le sacro-saint aéroport avant ...demain, càd dans une demi-heure... C'est pourquoi, les sièges brillant par leur absence, nous sommes restés "plantés" comme des piquets face à nos "sympathiques" hommes en uniformes,... les 30 minutes requises. À minuit une, nous passions. La règle, c'est la règle...
Une fois entrés, nous occupons notre temps comme nous pouvons en mangeant et buvant un petit quelque chose, en lisant, en somnolent (moi du moins), en discutant avec d'autres passagers ; un groupe de quatre Indiens nous expliquent qu'ils vont à Leh pour "business", ils vont "shooter" une publicité avec des joueurs de crickets.
Le moment tant attendu arrive enfin, nous embarquons et quand nous abordons notre descente vers Leh, le nez collé au hublot, nous nous retrouvons projetés dans un tout autre décor. Nous avons d'ailleurs peine à imaginer un tel dépaysement à seulement 1 heure et quart de Delhi.
L'apparition de quelques gouttes de pluie sur les hublots et un ciel couvert nous font craindre une arrivée pluvieuse mais les heures suivantes apporterons éclaircies, soleil et cieux azurés.
L'hôtel étant proche de l'aéroport, à 7 heures, nous nous retrouvons déjà attablés autour d' un bon petit-déjeuner pendant qu'on prépare nos chambres.
Après quasi 20 heures sans sommeil, les enfants s'écroulent littéralement sur la table et n'aspirent qu'à aller s'allonger. Ce que, moins d'une demie heure plus tard, nous ferons tous. Vers 15 h, je me réveille avec un mal de tête carabiné mais la douleur passée (merci monsieur Nurofen), Jiri et moi allons prendre le thé sur la terrasse.
Découvrant dans leurs chambres, nos quatre grands dans un état de léthargie avancée, nous les abandonnons à leurs songes et nous allons explorer les alentours : dans le centre tout proche, les boutiques aux souvenirs et marchés artisanaux tibétains se succèdent.
Il est déjà 18h30, la journée se clôturera tout doucement autour d' un bon repas que nous dégusterons en famille avant de passer une bonne nuit réparatrice en prévision de notre première journée de visite.
Jour 2
Départ à 9:30 en direction du "Shey Palace", l'ancien palais royal, situé au sud à une petite vingtaine de kilomètres de l'hôtel. Heureusement, une fois en dehors du petit centre de Leh, et contrairement à Bangalore, les routes sont dégagées et nous sommes sur place en moins d'une demi-heure.
La montée vers le palace avec la rangée de moulins à prières tout le long du chemin à droite |
Ce palais à été construit par le roi Deldan Namgyal aux environs de 1650. C'est dans ce palais que l'on trouve la plus large stupa* du Ladakh (Victory stupa) et son sommet serait fait d'or pur (ils veulent sans doute dire "recouvert" d'or pur...)
* Petit rappel : une stupa est la représentation d'un des 8 événements majeurs de la vie de Bouddha.
Pour ceux que cela intéresse, je joins ci-dessous la liste de ces 8 événements avec un petit mot explicatif, tirés du site suivant : http://www.chokhorling.com/diaporamas-9-realisation-du-stupa.html
• Pour la naissance du Bouddha : le stupâ des lotus empilés rend hommage aux sept pas qu’il fit dans les quatre directions.
• Pour l’éveil du Bouddha : le stupâ de la victoire sur Mara, victoire acquise sous l’arbre de la bodhi à Bodhgaya.
• Pour le premier tour de la roue du Dharma : le stupâ aux multiples portes commémore le premier enseignement du Bouddha dans le parc des Biches à Sarnat près de Bénarès.
• Pour la défaite des faux maîtres : le stupâ des miracles en rappel de l’imposture des faux maîtres révélée par le Bouddha dans la forêt de Jetavana à Shravasti, dans le but de convertir les hérétiques à l’authenticité.
• Pour la retraite du Bouddha à Tushita (monde divin) : le stupâ de la descente du monde des dieux, lorsque le Bouddha enseigna le Dharma en ces lieux à sa mère et son retour sur la terre.
• Pour la mémoire de la paix revenue : le stupâ de la réconciliation pour fêter la réunion des membres du shanga après le schisme provoqué par Dévadatta.
• En souvenir des trois derniers mois de la vie du Bouddha : le stupâ de la victoire totale, lorsque le Bouddha, âgé de 80 ans, prolongea sa vie dans la ville de Vaisali pour le bénéfice de tous les êtres et prouva sa victoire sur la mort.
• Pour le passage au-delà de la souffrance : le stupâ du parinirvana qui commémore l’instant où le Bouddha quitta son corps et cette existence dans la région de Kushinagar.
Du haut du palace, les vues sont magnifiques.
Dans l'édifice se trouve une statue de Bouddha haute de trois étages càd plus ou moins 7.5 mètres. Elle est faite d'argile mais est entièrement recouverte de cuivre.
Norboo, notre guide, nous explique que cette statue est Bouddha "présent" car il est représenté dans une pose et avec certains attributs précis : la paume de la main gauche soutenant un récipient (symbolisant Bouddha du temps où, en tant que prince ayant quitté tous ses biens, il quémandait de maison en maison) et la paume de la main droite posé sur le genoux droit et dont les bouts des doigts touchent le sol (symbolisant le fait qu'il se préoccupe de l'essentiel et non du superflu).
Norboo, notre guide, nous explique que cette statue est Bouddha "présent" car il est représenté dans une pose et avec certains attributs précis : la paume de la main gauche soutenant un récipient (symbolisant Bouddha du temps où, en tant que prince ayant quitté tous ses biens, il quémandait de maison en maison) et la paume de la main droite posé sur le genoux droit et dont les bouts des doigts touchent le sol (symbolisant le fait qu'il se préoccupe de l'essentiel et non du superflu).
Il ajoute que nous pourrons admirer la version de Bouddha "futur" lors de la visite du monastère de Tiksey.
Les fameuses offrandes à Bouddha, amalgame de billets, de nourriture et de fleurs ... en plastique qui fascinaient Eve-Lenka... Elle a pris une dizaine de photos exclusivement de cela. |
François-Milan actionnant un moulin à prières plutôt imposant |
Les petits monticules de pierres pour un voeu, un souhait, une pensée, ... |
La famille royale a déménagé de ce palace pour celui de Stok en 1834.
Juste avant de sortir, nous rencontrons un dernier visiteur inattendu!
Avant de quitter définitivement les lieux, nous croisons un groupe d'enfants montant vers le palace, et aucun d'eux ne manque de faire pivoter les moulins à prières. Durant tout notre séjour, je n'ai pas vu un seul Ladakhi passer à proximité d'un moulin à prières sans le faire tourner.
À la sortie de cette visite, nous effectuons un rapide arrêt "pipi" qui nous mettra en contact avec nos premiers WC "ladakhi" : une cellule à l'étage avec un sol en terre battue dans lequel "on" a perçé un trou. Sous le trou, une autre pièce de "réception" en terre battue également. Cela nous donnera le loisir de rire de la petite mésaventure d'une touriste française qui avait, juste avant notre passage, laissé malencontreusement tomber ses lunettes par l'ouverture. La pièce de "réception" n'étant pour l'instant que peu "encombrée", elle nous demandait gentiment d'essayer d'éviter de viser les lunettes afin qu'elle puisse avoir une chance de les récupérer dans un état pas trop lamentable. Je peux vous dire qu'on a fait de notre mieux mais c'est sûr que ce n'était pas évident. Au moment de quitter l'endroit, nous les avons vu, elle et des personnes de son groupe, tenter d'attraper les lunettes à l'aide d'un bâton. Comme le disait François-Milan, une canne à pêche aurait été plus utile...
Nous continuons notre route jusqu'au monastère de Tiksey.
Fondé en 1630, les moines qui y vivent portent le nom cocasse de "yellow hat" en référence à leur chapeau du même coloris.
Comme convenu, nous découvrons la version Bouddha "futur" et nous constatons que la gestuelle des mains est différente de celui du "présent" puisqu'il tient ses mains jointes (symbolisant le fait qu'il enseigne) et qu'il porte la couronne (représentation tantrique).
Voilà un fait que nous ne savions pas |
A l'intérieur du temple |
À proximité d'une des salles, Norboo nous commente la représentation de la "Roue de la Vie". Cette roue de la vie ou roue de l'existence a été conçue pour nous aider à comprendre comment fonctionne notre esprit et à nous libérer du cycle de la vie et de la mort, donc du cycle de la réincarnation.
Au centre de la roue se trouve le plus petit cercle contenant trois animaux représentant chacun un des trois péchés principaux : le cochon pour l'ignorance, le serpent pour la haine et le coquelet pour l'avarice. Une fois que vous êtes capable de contrôler ces trois péchés capitaux, vous êtes libéré du cycle de la réincarnation càd que vous n'êtes plus condamné à souffrir et mourir mais bien à entrer dans le Nirvana.
Autour du cercle des trois péchés se trouve un autre cercle divisé en six sections.
Les trois sections supérieures représentent les plus chanceux, ceux qui, par de bonnes actions, ont pu se réincarner dans un des trois groupes privilégiés càd celui des humains (en haut à gauche), celui des dieux (en haut au milieu - lignes jaunes et noires) ou celui des Titans ou demis dieux (en haut à droite). Dans le cas contraire, ceux qui auraient commis de trop nombreuses mauvaises actions auraient inévitablement été projetés dans un des trois niveaux inférieurs à savoir celui des animaux (en bas à gauche), celui de l'enfer (en bas au milieu) ou encore celui des fantômes insatiables (en bas à droite).
Mais attention, ceux qui se trouvent à un moment donné dans un des niveaux supérieurs ne sont pas d'office assuré d'y rester. En effet, par des actions négatives, ils pourraient "redégringoler" dans un des niveaux inférieurs, mais l'inverse, càd remonter dans un des niveaux supérieurs par une suite d'actions positives est possible également. D'où l'importance de cet aspect "illimité" des réincarnations, ... Rappelez-vous, vous ne serez libérés qu'à partir du moment où vous aurez le contrôle total des trois péchés capitaux.
Les sections sur l'extérieur du cercle représentent les étapes de ce cycle de la vie. Il y en a une douzaine en commençant par l'ignorance représenté par l'homme aveugle, et se succèdent ensuite la conscience (le potier fabriquant ses pots et le singe montant et descendant continuellement), le fait de pouvoir nommer les objets (le rameur dans son bateau), les cinq sens et l'esprit (les six maisons aux cinq fenêtres), le contact (l'homme et la femme s'embrassant), la sensation (l'homme frappé d'une flèche), l'envie (le singe s'emparant du fruit), l'existence (la femme enceinte), la naissance (l'enfant qui nait), la vieillesse et enfin, la mort.
Le cercle entier est maintenu par les mains et les pieds griffus de Yamantaka, le dieu de la mort. Il symbolise l'impossibilité d'échapper à la souffrance, à la mort et à la réincarnation, à moins d'avoir maitrisé les trois péchés capitaux et par conséquence, d'avoir atteint le Nirvana.
Sur le chemin du retour, nous faisons une dernière halte dans un couvent de nonnes bouddhistes et nous rejoignons ensuite le centre de Leh.
Il est déjà plus de 13h et nous décidons de prendre notre repas sur place, dans un restaurant asiatique le "chopsticks". Apparemment, les "bananas fritters" ont convaincu Eve-lenka qui a décrété qu'elle comptait bien y revenir. Une adresse à retenir.
Le repas terminé, nous regagnons l'hôtel pour un petit break d'une heure et demi, le temps de laisser le soleil décliner un peu. La chaleur passée, nous repartons pour aller voir la Shanti stupa.
La Shanti stupa n'est pas une "véritable" stupa puisque dans ce cas précis, elle ne symbolise pas un des événements de la vie de Bouddha. Il s'agit en fait d'une construction érigée, dans les années 80, par des moines bouddhistes japonais, et elle représente un lieu de rencontres pour ceux qui veulent méditer et prier.
Si la construction en elle-même ne représente pas un réel intérêt architectural, elle offre en tout cas, un très bon point de vue panoramique.
Nous regagnons l'hôtel à pieds en empruntant le long escalier qui serpente le long de la colline rocailleuse.
La journée s'achève, souper léger, lecture et dodo ! Demain, une balade pédestre dans les environs avec visite d'un second monastère et un pique nique nous attendent.
Jour 3
Aujourd'hui, nous faisons une balade en direction de Gyamtsa, avec un court arrêt au monastère de Samkar Gompa. La promenade en tant que telle ne présente pas de difficultés majeures et nous ne monterons pas au delà de 3900 mètres mais, peu habitués à l'altitude, nous en ressentons les effets assez fort et la première demi heure de marche nous oblige à une cadence lente, le temps de trouver notre respiration.
On emprunte une série de petites ruelles qui nous éloignent peu à peu de l'agitation du centre pour enfin se retrouver dans un décor hors du commun, ... en tout cas, hors de "notre" commun.
Pas de bla-bla nécessaire pour cette journée, juste la beauté des paysages pour le bonheur des yeux. J'ai sélectionné des photos avec personnages (les personnages c'est nous bien sûr), histoire que vous ayez une idée des "proportions" des choses, une échelle de grandeur quoi !
Vers midi et demi, nous avons droit à un pique-nique dans un endroit enchanteur, aucun bruit si ce n'est le ruissellement de la rivière.
Splendides tes photos! J'attends avec impatience la suite. Ca me rappelle de très bons souvenirs: le "gingantisme" des paysages, le caaaalme!... A bientôt!
RépondreSupprimerNathalie.