jeudi 22 avril 2010

Voyage à Mumbai du 15 au 18 mars 2010

Un peu en retard dans le planning je sais mais bon, le voilà enfin, ce compte-rendu de ce petit voyage de 4 jours qui m’a réservé bien des surprises agréables. En effet, cette ville, on a l’impression de la connaitre un peu parce qu’elle est régulièrement au centre de l’actualité mais concrètement, je n’avais aucune idée de ce que j’allais réellement découvrir : la vision d’une ville encombrée et sale mais surtout, la perspective de se retrouver face à des scènes de pauvreté parfois difficiles à supporter était déjà ancrée dans mon esprit, et je me préparais à faire face à cette expérience qui risquait, je n’en doutais pas, d’être assez perturbante. Toutefois, la réalité fut légèrement différente : en effet, Mumbai est une ville grouillante et agitée, avec des endroits où la pauvreté est bien présente et où la pollution et le manque de respect pour l’environnement sont plus qu’évidents. Malgré tout, c’est une impression générale plutôt positive qui m’en est restée, et cela sans doute grâce à ses larges avenues plutôt aérées (les rickshaws sont interdits dans le centre), à son architecture « à l’anglaise », à certains de ses quartiers «hors du temps» qui côtoient les immeubles modernes, à son port et son front de mer, … Ou tout simplement parce que je m’attendais à pire, … et que le pire n’était pas là, du moins n’était pas visible. Car ceci dit, on ne se fait pas d’illusion bien entendu ; tout ce qui peut « déranger l’œil » a été escamoté et les populations défavorisées se trouvent parquées dans les bidonvilles proches de l’aéroport. 



Un (tout) petit peu d’Histoire

En 1534, Bombay (Bom Bahia signifiant Bonne Baie) est aux mains des Portugais et à cette époque, elle était constituée de sept îles marécageuses. En 1661, elle passe aux Anglais qui, peu intéressés par ces îles, les louent pour un prix modique à l’East India Company qui l’exploite et c’est ainsi qu’au 17ème siècle, Bombay devient la plus grande ville et le premier chantier naval de la côte occidentale. Mais c’est au 19ème siècle, avec le percement du canal de Suez (1869), que Bombay s’ouvre au commerce international. Les îles, maintenant reliées entre elles, forment une étroite bande de terre de 430 km2 qui s’avance dans la mer d’Oman. Ce nouvel Eldorado attire les populations indiennes les plus diverses telles que les Gujaratis voisins, les chrétiens de Goa, les sikhs et les jaïns, sans oublier les Parsis, dont la famille Tata est la plus illustre représentante. Aujourd’hui, la ville a repris son nom local, Mumbai, qu’elle doit à Mumba Devi, la déesse à huit bras vénérée par les Koli, des pêcheurs qui furent les premiers habitants des îles.









Une des représentations de Mumba Devi




En gros, à Mumbai, on trouve :
au sud, le quartier du Fort avec les points à visiter, les hôtels et les restaurants ;
sur la côte occidentale, Malabar Hill, le quartier résidentiel et la Marine Drive ;
au nord, la banlieue avec ses nouveaux ensembles et habitations. 

Allez, il est temps de se mettre en route pour notre petit tour de la ville … en image ;


Avant même de fouler la terre ferme, au travers des hublots de l’avion, premiers contacts avec la ville : les fameux bidonvilles. On me l’avait dit, je le savais mais quand même, atterrir au milieu de ces habitations délabrées, faites de ciment, de tôle et de plastique, laisse pantois. Ce ne sont plus des images documentaires que vous découvrez derrière votre écran TV mais bien une réalité que vous touchez , là, à l’instant, de très près. Il parait même que des agences ont mis sur pied des « visites organisées » de ces bidonvilles, au même titre qu’une attraction touristique. Il y a vraiment de quoi se poser des questions…














Sur le chemin de l’hôtel, on a déjà un aperçu du contraste entre les anciens buildings coloniaux, très « british » et les constructions modernes, sans compter les habitations personnelles dont certaines sont à l’image de celles de Bangalore à savoir, cube de béton sans recherche architecturale et on rajoute des étages au fil du temps et des moyens.
























Après un bref arrêt à l’hôtel pour le check-in et un rapide coup d’œil dans nos guides, nous nous dirigeons vers notre premier objectif :


Victoria Terminus :










Cette gare, qui est quasi aussi somptueuse qu’un palais ou une cathédrale, date de la fin du 19ème siècle et a été inspirée de la gare St-Pancras à Londres. Elle est l’œuvre de l’architecte Frederick William Stevens et ses nombreuses décorations ont été réalisées par des étudiants en art et des artisans indiens. Elle a été classée monument historique par l’Unesco en 2004. Actuellement, la gare abrite le siège de la Compagnie des chemins de fer et accueille tous les jours plus de 1000 trains et 2 millions de passagers dont de très nombreux banlieusards.

A l’entrée de la Compagnie des chemins de fer (interdite au public) il y a deux piliers ornés d’un lion, symbolisant la Grande-Bretagne, et d’un tigre, symbolisant l’Inde. Dans la salle des guichets, on peut voir un toit voûté, des vitraux et des carrelages colorés, malheureusement difficiles à prendre en photo car peu de clarté provient de l’extérieur.
















Les sculptures qui se trouvent sur les deux pignons représentent la Technique, l’Agriculture et le Commerce. En haut du dôme central, il y a une statue du Progrès censée symboliser la « mission civilisatrice » et la gloire du colonialisme anglais. Un peu partout sur les façades, on peut aussi admirer des gargouilles diverses ainsi que des sculptures en pierre.


























Maison de Rudyard Kipling :
 
Non loin de là, à l’arrière de l’école d’art « Jeejeebhoy », nous dénichons la maison dans laquelle Rudyard Kipling est né. Son père, John Lockwood Kipling, donnait des cours de sculpture décorative dans cette école et plus tard, il en devint le directeur. Bien qu’elle soit quand même assez délabrée, il paraît que le directeur actuel occupe encore cette maison.















Crawfort market :

Ce marché est l’un des endroits les plus animés de Mumbai : on y trouve épices, fruits, fleurs, produits de soin et d’entretien, et même des animaux vivants tels qu’oiseaux exotiques, écureuils, tortues, ... A se demander qui penserait à s’acheter un écureuil à mettre en cage, la bêtise n’a décidément pas de frontière. L’édifice est construit avec une armature en fonte (plutôt innovant pour l’époque) et le sol est en pierre de Caithness d’Ecosse, pierre qui semble avoir la particularité de rester fraîche toute la journée.








































Au dessus des portes, on peut voir des bas-reliefs en marbre qui représentent des scènes de marché. Ils sont l’œuvre de John Lockwood Kipling tout comme la fontaine qui se trouve dans la cour. Fontaine que nous avons eu beaucoup de mal à dénicher tant les échoppes recouvrent tout. Ses décorations représenteraient les fleuves de l’Inde… La fontaine est laissée dans un bien mauvais état.




La porte de l’Inde :



Cette porte commémore l’arrivée en Inde du roi Georges V et de la reine Mary, le 17 novembre 1911. Lors de leur venue, le bâtiment n’était en fait qu’une structure en carton. La première pierre a été posée à l’occasion de cette première visite et l’édifice n’a été achevé qu’en 1924. Le projet initial prévoyait de relier cette porte à la ville par une grande artère mais il n’a jamais abouti faute de moyens.


C’est de cette porte que nous partons en excursion vers l’île d’Elephanta. Et il n’y a pas que nous qui nous y rendons ; en couple ou en famille, beaucoup d’indiens y font également un tour. Après une heure de bateau, nous débarquons sur une sorte de jetée que l’on peut parcourir en train ou à pied jusqu’à l’entrée du site. Ensuite, un escalier de 125 marches bordé d’échoppes, nous conduit jusqu’aux grottes. Pour ceux qui auraient encore des idées de grandeurs, ils peuvent même se faire déposer en haut des marches en chaise à porteurs. Nous sommes arrivés par le premier bateau et il n’y avait donc pas trop de monde. Les vendeurs commençaient seulement à déballer leurs marchandises.




















Autrefois, ce lieu était connu sous le nom de « Gharipur », signifiant « la Cité des Grottes ». Ce sont les Portugais qui lui donnèrent le nom d’Elephanta car ils y trouvèrent un énorme éléphant en pierre, qui se trouve actuellement à l’entrée du Victoria Garden. Ces grottes, taillées dans la falaise, sont un des hauts lieux de la spiritualité Shivaïte. Elles dateraient du 6ème siècle.














 












L’une des ses plus belles sculptures est le « Shiva tricéphale » qui symbolise, en trois visages, les trois fonctions du dieu : création, conservation et destruction du monde.


On a donc ;
A gauche, Shiva le destructeur tenant un serpent à la main.
A droite, Shiva le créateur représenté sous des traits féminins.
Au centre, Shiva sous son aspect de dieu transcendant, maître et conservateur du monde.

Toujours dans la grotte principale, on trouve la chapelle au lingam. Lingam signifie « signe, emblème » et est le symbole de l’énergie de Shiva. Il se trouve au centre d’une petite pièce carrée, percée de quatre portes gardées par des colosses de pierre qui font office de gardiens et protecteurs.












Lorsque nous redescendons vers l’embarcadère, j'en profite pour acheter quelques t-shirts style « indien-indien » pour tout le monde (et oui bien sur, Jiri a eu droit à son t-shirt « Kingfisher ») ainsi que quelques pierres pour Ilona-Marie qui semble maintenant s’intéresser d’un peu plus près aux minéraux.



A notre retour, nous nous attardons pour prendre encore quelques clichés de la porte de l'Inde avec une lumière différente, sans oublier d’admirer le très bel hôtel Taj qui lui fait face (famille Tata - ouvert en 1904).
















La mosquée Haji Ali : 

Il s’agit du tombeau d’un riche marchand qui aurait renoncé à sa fortune après un pèlerinage à La Mecque. Le tombeau date du 15ème siècle mais la mosquée a été construite dans les années 1940 et on y accède par une digue, recouverte par les eaux à marée haute. Si le site et la mosquée devaient avoir une certaine beauté auparavant, il n’en reste pas grand-chose aujourd’hui. Entre les cadavres d’animaux et les déchets en tout genre, ce lieu ne prête certainement pas au recueillement ou à la sérénité. Jamais ils ne nous laisseraient pénétrer dans la mosquée avec nos chaussures mais le fait que les immondices soient quasi à la porte de leur lieu sacré ne semble absolument pas les gêner…














































Les Dobhi Ghat et le Réservoir de Banganga :
 
Les Dobhi Ghat de Saat Rasta près de la gare de Mahalaxmi est l’endroit où « la grande lessive » de Mumbai se fait. D’après ce que l’on nous a expliqué, tous les grands organismes tels que hôpitaux, sociétés d’entretien, hôtels, restaurants, écoles, … font laver leur linge en ce lieu. C’est un travail réalisé quasi exclusivement par des hommes (les dhobis) et d’après les infos qu’on a pu glaner, chaque homme laverait près de 200 vêtements par jour. C’est un fameux boulot et le bas du dos et les muscles des bras doivent en prendre un sacré coup.







































Le réservoir de Banganga est un réservoir sacré, avec comme toujours une légende à la clé : Rama se reposa ici en allant secourir Sita, son épouse enlevée. Il tira une flèche dans le sol et une source jaillit à l’endroit où le réservoir a été construit.
Ce réservoir fait partie de ces endroits « hors du temps ». Les gens qui y vivent sont loin de rouler sur l’or bien sur et on y trouve peu de trace de modernité. Mais il parait qu’il s’agit d’une communauté très solidaire qui a trouvé un bel équilibre lui permettant de continuer à vivre de façon très simple au beau milieu d’une ville moderne.






























































Le temple jaïn :

C’est la première fois que j’avais l’occasion d’approcher un temple jaïn et cela ne correspondait pas du tout à l’idée que je m’en faisais. J’imaginais une bâtisse plutôt aérée et sobre alors qu’ici, c’est le côté « kitch » qui domine. Mais d’après Véronique qui a déjà eu l’occasion d’en voir d’autres, celui-ci n’était pas vraiment représentatif. Par contre, certains détails comme la porte d’entrée, valaient la peine qu’on s’y attarde.
































Mani Bhavan :

C’est dans cette maison que Gandhi séjournait lorsqu’il était à Mumbai et qu’il préparait certaines de ses actions. On y découvre des documents et photos de l’époque mais aussi la pièce où il avait l’habitude de travailler et de filer le coton sur son rouet (Charkha).





































Les jardins suspendus, Horniman Circle et la fontaine Flora :

Les mots « jardins suspendus » me faisaient plutôt imaginer une nuée de plantes, grimpant ou rampant sur plusieurs niveaux, mais rien de tout cela ici. Il s’agit en fait d’un espace vert assez plat qui ressemble très fort à un simple parc. Rien d’extraordinaire mais ces « jardins suspendus » offrent une belle vue sur la ville.




Horniman Circle était autrefois appelé Cotton Green car c’est là que se pratiquait le négoce des balles de coton. Il est devenu un jardin public en 1869 et accueille, entre autre, des représentations théâtrales en plein air. Un endroit plutôt charmant et les bancs ne manquent pas d'originalité.















La fontaine Flora provient d’Angleterre et sa statue représente la déesse romaine du printemps, Flora. A l’époque de son édification en 1869, la place était très spacieuse alors que maintenant, elle est submergée par la circulation. Cet endroit marque l’emplacement d’une partie des remparts de l’ancien Fort qui fut démoli dans les années 1860 pour permettre à la ville de se développer.








Les Dabbawallahs : 

Un des spectacles les plus typiques de Mumbai est la livraison des Dabba. Les dabba sont des sortes de seaux métalliques qui contiennent le repas de midi des fonctionnaires et employés travaillant à Mumbai. Les dabbawallahs (porteurs de seaux) vont chercher aux différents domiciles les repas que près de 100.000 épouses ont préparés pour leurs maris et les acheminent vers la gare ferroviaire la plus proche. Là, d’autres dabbawallahs prennent le relais et transportent les repas via le rail jusqu’à Church Gate dans le centre ville. A la sortie de la gare, sur base des codes inscrits sur les couvercles, ils trient les dabba en fonction de leurs lieux de livraison. Ensuite, tantôt sur la tête, tantôt sur le dos ou encore sur des charrettes à bras ou des vélos, ils les livrent directement dans les bureaux des employés. Et ce n’est pas chose facile compte tenu de la circulation qui règne dans ce secteur. Comme toujours, ils font heureusement preuve de beaucoup de patience et d’ingéniosité pour se faufiler entre les véhicules. Etonnamment, il paraît que les déjeuners se perdent rarement. D’après ce qu’on a pu comprendre, cette tradition semble persister car beaucoup d’hindous, en fonction de leurs croyances, ne peuvent manger de la nourriture préparée n’importe comment et par n’importe qui.






































































Le musée Prince de Galles : 
 

Ce très beau bâtiment a été construit en 1905 dans le style indo-musulman (typique de la période coloniale) et son architecte, George Wittet, est celui qui a aussi conçu la porte de l’Inde. Il abrite essentiellement des sculptures et des peintures miniatures.











































Quelques images de  :






















 


La synagogue Kenneseth Eliyahoo ; bleue de chez bleu ciel.










 


  


La haute cour de justice ; où il est possible d’assister à des audiences.






L’université avec la tour Rajabai.














La bibliothèque David Sassoon.






Le « Army and Navy building »
qui abrite les locaux de sociétés du groupe Tata.






 Le quartier du Fort, près de la fontaine Flora






Les vendeuses de rue qui nous ont vendu les « Block Printing ».






Beaucoup de belles façades, parfois délabrées mais en voici une qui a bien résisté.







Pittoresque




Les curiosités de la ville ; un arbre qui a trouvé son chemin à travers le béton.



Voilà la fin du tour. Beaucoup de belles choses pour les yeux et encore bien d’autres à découvrir sans doute. En quatre jours, on est loin d’avoir tout vu mais qui sait, peut-être y reviendrons-nous ?



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