Jour 3 : 11 février 2011
Pour ce 3ème jour, nous laissons, momentanément, la vieille ville derrière nous et partons pour Sarnath, situé à une dizaine de kilomètres de Bénarès. C’est à Sarnath que Bouddha aurait fait son premier sermon, après avoir atteint l’illumination. Dès le 6ème siècle avant J-C, l’endroit était devenu un point important pour la diffusion du bouddhisme et il le resta jusqu’au 12ème siècle, date de l’extinction du bouddhisme en Inde.
Après la disparition de Bouddha, les souverains convertis au bouddhisme tel qu’Ashoka par exemple, continuèrent d’embellir le site. Ensuite, de nombreux autres rois tels que les rois Gupta, vers les 4ème - 6ème siècles, y construisirent de nombreux temples et monastères. Malheureusement, les invasions musulmanes du 11ème siècle et les sultans de Delhi installés à Bénarès utilisèrent les pierres de tous ces édifices pour construire leurs propres monuments. C’est grâce aux archéologues britanniques que le site fut redécouvert et que peu à peu, il reprit vie. Les communautés bouddhistes de toute l’Asie y implantèrent des monastères modernes et les allées verdoyantes sont maintenant à nouveau foulées par les pèlerins venus du monde entier.
Avant de commencer la visite en elle-même, nous nous asseyons entre les vestiges de deux monastères pour écouter Uma nous relater rapidement l’histoire de Bouddha :
La tradition rapporte que Siddartha Gautama est né à Lumbini (vers -600), un village sur les contreforts de l'Himalaya, dans la caste des guerriers-aristocrates.
Son père, averti que son fils serait soit un grand guerrier, soit un sage, l’éleva en guerrier dans l'enceinte du palais familial, en le préservant de toutes les difficultés et toutes les souffrances du monde.
A l’âge de 29 ans, après une jeunesse passée dans le plaisir, le luxe et l'aisance, il décida de quitter sa femme et son fils pour prendre les chemins de l’ascèse. Il vécut d'abord sous l'autorité des maîtres de l'époque, puis forma son propre groupe avec cinq autres disciples.
Pendant 6 ans, il s’exerça à des pratiques méditatives austères avant d’emprunter une autre voie, plus modérée. Grâce à cette "Voie moyenne" entre la jouissance et l'austérité excessive, il aboutit à l’"Eveil" : dès lors, il fut appelé Bouddha (l' Eveillé) ou Siddartha (Celui qui a atteint son but).
La légende rapporte qu’il découvrit la souffrance en faisant quatre rencontres qui changèrent sa vie : il croisa un vieillard, un homme malade, un cadavre que l'on menait au bûcher et un ermite qui lui montra une voie possible vers la sagesse.
Les "quatre nobles vérités" sont la souffrance, son origine, son anéantissement et le chemin spirituel pour y parvenir.
Par compassion pour les souffrances des hommes, Bouddha passa les 45 dernières années de sa vie à enseigner les moyens d’atteindre cet état d’éveil parfait.
Le bouddhisme n'est rien d’autre que l'héritage de son enseignement.
Nous traversons le site sur lequel ne restent que des vestiges (à l’exception de la stupa Dhamekh) et croisons régulièrement de nombreux groupes de pèlerins, tantôt écoutant attentivement un orateur, tantôt priant.
Nous nous dirigeons ensuite vers la seule construction d’origine encore debout, la fameuse stupa Dhamekh, un monument architectural qui "représente" Bouddha mais aussi la commémoration de sa mort (parinirvâna). Cette tour d’environ 33 mètres était, initialement, ornée de frises sculptées avec des motifs repris de la faune et de la flore ou encore, des motifs géométriques. Son emplacement, selon certains, correspondrait à l’endroit où le Bouddha prêcha la Loi pour la première fois.
Stupa Dhamekh |
Pèlerins en prière au pied du stupa Dhamekh |
Détails de la stupa Dhamekh |
Un peu plus loin, pieds nus (ou en chaussettes pour certaines), nous entrons dans un monastère bouddhique érigé en 1931, le "Mulagandhakuti Vihara". A l’intérieur, trône une statue de Bouddha et les murs sont décorés avec des fresques relatant sa vie.
Non loin de ce temple, un groupe de statues illustre la scène où Bouddha donne un enseignement à ses cinq premiers disciples et l’arbre sous lequel ils se tiennent est sacré.
Comiquement, ces statues sont traitées comme de vrais êtres humains ayant besoin d’être vêtus et nourris et, au moment de notre passage, deux moines étaient occupés à les "habiller" et à préparer les offrandes de nourriture.
Dans l'enceinte du temple thaïlandais, nous trouvons un espace dégagé avec, au sol, ce qui ressemble à une construction inachevée. Et en arrière plan, dissimulé sous de grandes étoffes de chiffons, nous devinons les courbes d’une immense représentation de Bouddha. Uma nous relate la petite anecdote liée à ce site : pour agrémenter les environs du temple thaïlandais, la construction d’une statue de Bouddha avait été décidée. Mais alors que les travaux avaient débutés depuis un certain temps déjà, tout à coup, "quelqu’un" (un officiel quelconque qui, ce jour-là, s’était sans doute levé du mauvais pied) a décrété que cette édification était trop proche de celle se situant sur le site d’un temple voisin. Conclusion, une bataille juridique de 10 ans s’est ensuivie avec comme résultat … le déplacement d’une cinquantaine de mètres de la statue "illicite". Au programme donc, démontage et remontage du Bouddha "indésirable" (faire et défaire, c’est toujours travailler comme diraient certains). Tout le monde est enfin satisfait et le problème est réglé. L’ouvrage vient juste d’être achevé et l’inauguration est prévue dans le courant du mois de mars.
Avant de reprendre le chemin de Bénarès, nous effectuons un dernier arrêt dans un monastère tibétain où nous aurons l’occasion d’assister à une puja. Sur base de ce que j’avais entendu à propos des "chants" tibétains pratiqués durant ces cérémonies, je m’attendais à découvrir un son grave et assez prenant, mais ce n’était pas vraiment le cas : le son m’est apparu au contraire un peu cacophonique et plus aigu que prévu. D’après Uma, en effet, il est de plus en plus difficile de trouver des moines chantant sur le "bon ton", elle dit qu’ils ont tendance à chanter trop haut.
Pendant la puja |
Notre "orchestre" |
La puja au ghat principal bat son plein |
Un peu plus loin, ... le calme |
Nous profitons plutôt du calme et de la sérénité du paysage et nous terminons cette ballade nocturne par le rituel des 100 lumières : la mise à l’eau de 100 bougies pour obtenir un bon kharma et espérer voir ses vœux exaucés… Rien que ça. Dans ce silence et cette pénombre, voir s’éloigner vivement toutes ces petites flammes au fil de l’eau, ça m’a fait quelque chose. Au risque de paraître "sentimentale", je dois avouer que j’ai trouvé ce moment assez poignant.
Rituel des 100 lumières à partir d'une autre embarcation |
Les ptit’s infos
La colonne d’Ashoka : à Sarnath, le souverain bouddhiste Ashoka fit ériger une colonne en l’honneur de Bouddha. Son chapiteau retrouvé plus tard sur ces lieux devint l’emblème de l’Inde moderne, d’où le nom "la colonne d’Ashoka". C’est celui-là même que l’on retrouve sur le sommet de la coupole du Parlement à Bangalore.
"Temple d'or" à Coorg |
Les oreilles de Bouddha : un des attributs des personnages royaux était le port de nombreux bijoux dont de lourdes boucles d’oreilles. Uma nous expliquait que, au fur et à mesure du temps qui passe, donc des informations qui se perdent, et de l’imprécision de certains artistes qui ne comprennent pas toujours ce qu’ils sont censés représenter, les fameuses boucles d’oreilles sont devenues en définitive,… une excroissance des oreilles de Bouddha. Et comme on peut toujours faire dire aux choses ce qui nous arrange, les bouddhistes ont trouvé une signification à cette déformation : dorénavant, les longues oreilles de Bouddha démontreront sa sagesse et sa grande capacité d’écoute des choses de ce monde… C’est ainsi qu’il est maintenant toujours représenté avec cette particularité.
La vie de Bouddha : pour ceux qui voudraient une histoire un peu plus détaillée de la vie de Bouddha, je trouve que celle reprise dans le site suivant : http://www.insecula.com/contact/A010833.html est assez bien racontée.
Bénarès : jour 4 (et fin), à suivre
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