Je m’excuse d’avance auprès de Dimitri de retourner ainsi le couteau dans la plaie mais je suis tentée d’entamer cet article par la phrase bien connue « Le malheur des uns fait le bonheur des autres ». En effet, c’est grâce aux examens que Dimitri, le fils de Nathalie, devait présenter dans les locaux de l’école française de Bangkok que ce petit voyage a été organisé. En excellente mère, soucieuse de soutenir son fils dans cette épreuve, Nathalie l’a accompagné et, comme elle m’a proposé de me joindre à eux, … j’ai pris le train (ou plutôt l’avion) en marche. Merci Nathalie, merci Dimitri…
Jour 1 :
Trêve de plaisanterie, les 4 heures de vol se déroulent parfaitement et l’hôtel, situé à proximité de l’école française, est parfait. Malgré notre arrivée extrêmement matinale (6 :30), nous avons la bonne surprise de constater que nous pouvons disposer de notre chambre immédiatement. Allez hop, on laisse tomber nos petits sacs et nous descendons prendre un bon petit-déjeuner.
Plus tard, installés dans un taxi d’un magnifique rose quasi fluo, nous roulons en direction du quartier touristique afin de découvrir le fameux « Grand Palace ». En débarquant, nous sommes accostés par une vendeuse ambulante de parapluies et cirés. On hésite, oui, non, … quelques nuages semblent s’amonceler, … allez, oui, on se décide à acheter au moins un parapluie, juste au cas où. Rigolez, rigolez, on n’a même pas eu le temps d’atteindre les guichets, situés tout au bout de l’allée, qu’on se ramasse une drache du tonnerre, à un point tel que notre parapluie ne fait pas le poids et que nous sommes alors obligés de nous abriter dans les premiers bâtiments à l’entrée de l’enceinte. Après 10 minutes de patience, comme l’averse ne semble toujours pas vouloir se calmer, nous nous résignons à trottiner jusqu’aux guichets et, déjà bien trempés, nous parvenons à acheter nos tickets. Seul obstacle restant avant de pouvoir entrer dans le sacro-saint complexe, … la tenue vestimentaire. Celle de Dimitri – et de bien d’autres touristes– n’étant pas du goût des préposés à l’entrée, Dimitri devra encore affronter les torrents du ciel pour faire demi-tour et « louer » un pantalon long et un t-shirt avec manches aux allures plus « décentes ». Bref, nous voilà – enfin – dans les lieux, prêts à nous gaver de cette mosaïque infinie de formes architecturales les plus excentriques et d’assortiments de couleurs les plus inattendus. Les nombreux matériaux tels que verre, miroir et faïence s’imbriquent à l’infini, les magnifiques toits colorés se succèdent et les superbes stûpas aux allures de grands chapeaux semblent s’aligner sagement juste pour le plaisir de la perspective.
Ce que l’on appelle le « Grand Palace » est en fait un vaste complexe de 94,5 ha comprenant non seulement le palais et les résidences du roi mais aussi des bâtiments du gouvernement et des temples dont le fameux temple du Bouddha d’Emeraude (qui est en fait du jade, non ne cherchez pas à comprendre)… Le palais lui-même, le « Phra Borom Maharatchawong » a été construit en 1782 lorsque le roi Rama 1er accéda au trône et que Bangkok devint la capitale. Le complexe réunit en fait près d’une centaine de constructions, … de quoi nous occuper pour un bon moment.
Quelques détails pour le plaisir des yeux...
Nous quittons ensuite les lieux pour nous diriger vers un second complexe, toujours de la même époque, le « Wat Pho », qui regroupe également un ensemble de temples dont celui qui abrite le célèbre Bouddha couché.
Après bien des circonvolutions, nous trouvons enfin le temple hébergeant cette immense statue couchée qui illustre l’accession de Bouddha au nirvana càd l’état de béatitude éternelle. Nous désespérions presque de le trouver mais nous étions bien décidés à ne pas repartir avant de l’avoir déniché. Vous allez me dire qu’avec ses 46 mètres de long et ses 15 mètres de haut, il était difficile de le louper et pour cause … c’est coincé dans un temple très étroit qui ne laisse aucune zone de recul et empêche une vision d’ensemble que nous l’avons découvert. Fait de plâtre, il est recouvert de feuilles d’or et les incrustations de nacre qui ornent ses pieds représentent les qualités d’un Bouddha bienveillant.
C’est à cet endroit que l’on peut également découvrir la plus vaste collection de Bouddhas de Thaïlande. En effet, quatre autres chapelles, contenant chacune une statue de Bouddha, sont reliées entre elles par des galeries ornées de 394 Bouddhas dorés.
A la différence du « Grand Palace », le « Wat Pho » est un lieu animé mais pas seulement par les touristes ; il héberge une communauté de moines et abrite également une école de massage et un ashram de méditation. Il parait d’ailleurs que ce complexe était, au 18ème siècle, un centre d’éducation très important.
La fatigue du voyage et des visites ainsi que les conditions climatiques – chaud et humide, comme en Malaisie – ont finalement raison de nous et nous décidons de rentrer tranquillement à l’hôtel pour nous requinquer en prévision de la journée du lendemain, … surtout Dimitri qui aura alors son premier examen.
Jour 2 :
Aujourd’hui, nous reprenons la direction du quartier touristique afin d’emprunter une embarcation pour aller dans les «Klongh». Les quoi ? Les « Klongh » ! Les « Klongh », c’est la multitude de canaux qui serpentent du côté ouest de Bangkok et qui permettent de s’aventurer dans des quartiers insoupçonnés, enfouis au fond d’une végétation encore maitresse des lieux. En déambulant sur ces routes aquatiques, vous découvrez, un peu comme les «Backwaters» dans le Kerala en Inde, la vie des villageois au quotidien ; le linge sèche en plein air, quelques jeunes pêchent (quoi, c’est une bonne question), les habitants vaquent à leurs occupations, les animaux lézardent, les plantes envahissent tout, les fleurs s’épanouissent, … le tout dans une atmosphère chaude et humide. Les maisons en bois sur pilotis – parfois dans un état de délabrement alarmant - côtoient les habitations plus récentes en briques, mais partout, trônent des mini-autels auprès desquels les croyants viennent faire leurs dévotions.
Chemin faisant, nous faisons une petite halte dans une plantation d’orchidées. Ces «demoiselles» à pétales s’en donnent à cœur joie et semblent, dans ce lieu, pousser aussi facilement que des pissenlits dans un pré.
En même temps que l’exploration des Klonghs, nous faisons une halte au « Wat Arun », le temple de l’aube et au musée des barges royales.
Le temple de l’Aube devrait son nom au fait qu’il a été conçu pour être le premier à recevoir la lumière du matin. Le nom d’Arun provient d’Aruna, déesse de l’aurore en Inde. Etonnamment, il semble y avoir plus de connexions entre l’Inde et la Thaïlande que nous ne le soupçonnions. Même l’écriture thaïlandaise a davantage de similitudes avec l’écriture hindoue qu’avec les écritures asiatiques telles que le chinois ou le japonais… du moins, si je m’en réfère aux panneaux de signalisation qui jalonnaient les routes de Bangkok.
Ce temple date du 19ème siècle et est quasi entièrement recouvert de morceaux de … porcelaine. Eh oui, on dirait presque des fragments d’assiettes de nos grands-mères …
Il n’est pas possible de grimper jusqu’au sommet mais un escalier, raide comme une échelle, nous permet de monter jusqu’au deuxième étage d’où la vue est magnifique. Quand à la descente, elle se fait les mains solidement agrippées à la rampe.
Dernier arrêt avant de retrouver la terre ferme, le musée des barges royales. Dans le hangar, nous admirons huit merveilleuses embarcations qui s’étirent à l’infini. Ces barges, taillées dans une seule pièce de bois, servaient pour les processions royales et il parait que la plus ancienne mesure 43 mètres de long et comptait près de 64 rameurs. Sans compter les porteurs d’ombrelles, les barreurs, les navigateurs, le porte-drapeau, le donneur de cadence (le plus détesté sans doute…) et le chanteur. Ça en fait du monde ça...
Les proues des barges représentent la plupart du temps des divinités thai mais là aussi, on retrouve l’influence hindoue avec par exemple le dieu Garuda (l’aigle, la monture de Vishnu).
Il y a aussi quelques photos d’époque et des textes explicatifs – malheureusement très peu mis en valeur - qui retracent l’historique des barges et des processions. C’est ainsi que l’on apprend que la barge est une invention thaïlandaise et que, suivant le thème bien particulier de la procession, les barges étaient placées dans un ordre très précis. Si j’ai bon souvenir, le thème utilisé pour la procession actuelle est basé sur les planètes, les étoiles et leur position.
Impatient, le « capitaine » de notre barge « non royale », elle, revient nous houspiller jusque dans le musée en se plaignant qu’il est temps de partir sinon le timing des visites ne sera pas respecté. L’heure c’est l’heure dis donc, rien à voir avec les horaires « flous et extensibles » indiens.
Cette expédition, riche en découvertes, a passée comme rien tellement cela nous a plu et nous la terminons par un bon repas dans le marché à proximité des embarcadères. Nous choisissons quelques brochettes de viandes – quasi caramélisées – accompagnées de bananes et de pommes de terre passées à la friture. Gourmandes, sur le chemin de notre prochaine étape, nous testerons encore quelques morceaux de bananes trempées dans un liquide sucré.
La prochaine étape ? Chinatown ! Ben oui, nous nous sommes dit que nous allions faire l’impasse sur le quartier indien, vous devinez bien pourquoi…
Le quartier chinois date de plus ou moins 1782. Ici, tout est dans l’ambiance : les échopes se succèdent dans un amalgame de bric et de broc et le plaisir, c’est de déambuler sans but précis en laissant flotter le regard sur tout ce qui bouge. Dans ce bazar, je trouve deux sacs et deux pendentifs pour Ilona-Marie et Eve-Lenka.
Jour 3 :
Nathalie dans son "bolide" |
Nous avions ensuite prévu de visiter le musée national qui, parait-il, contient de vraies merveilles. Malheureusement, le retour vers le centre ville a été plus long que prévu et nous sommes arrivées juste à la fermeture. Je ne vais pas vous conter tout en détail mais le chauffeur, qui n’arrêtait pas de « tourner en rond » et ne savait pas vraiment où il allait, a échappé de peu à la colère vengeresse de Nathalie qui, sur le moment même, l’aurait bien étranglé. Il faut dire que nous avons été surprises de constater que, non seulement, certains chauffeurs de taxi avaient parfois du mal à s’orienter, même dans les quartiers touristiques comme c’était le cas de celui-ci, mais surtout, que quasi aucun chauffeur ne parlait anglais. Pas un mot … A un point tel que nous étions à la limite de ne pas pouvoir communiquer.
Bref, à défaut de musée, nous nous sommes baladées dans des quartiers typiques jalonnés d’échopes exposant des marchandises diverses, comestibles et non comestibles. Nous avons dégusté un jus de fruit pressé sur place et Nathalie a même testé le fameux «durian» à l’odeur d’enfer. Honnêtement, je trouvais qu’il sentait peu en comparaison de ceux que nous mangions en Malaisie mais par contre, j’étais très contente de pouvoir en goûter à nouveau, j’avais oublié que c’était si bon. Après ça, retour à l’hôtel en taxi. Petit détail gênant, nous avions « égaré/oublié » la carte de visite de l’hôtel et nous n’en connaissions que le nom… Après d’âpres discussions à propos du tarif et du trajet à emprunter avec pas moins de trois chauffeurs de taxi, , nous avons quand même réussi à rentrer.
En effet, autre petit détail concernant les chauffeurs de taxi, hormis qu’ils ne parlent pas anglais : ils refusent obstinément de mettre leur compteur, sauf quand ils vous prennent à l’hôtel. Les guides touristiques vous informent qu’il faut tenir bon et leur imposer la mise en marche de ce compteur mais je peux vous garantir que si vous faites cela, vous restez sur le bord de la route.
Jour 4 :
Les examens de Dimitri étant finis, il peut enfin souffler et profiter de cette dernière journée de visites en notre compagnie. Nous nous faisons déposer en taxi à la station du «sky train» juste pour le plaisir de prendre le métro aérien. Comme toujours, Nathalie se débrouille comme un chef et tapote avec assurance sur les touches d’un distributeur automatique de billets, qui nous crache nos tickets sans problème, une vraie pro. Nous descendons à la station Siam afin de rejoindre le « marché Pratunam » que le guide du routard compare au quartier du Sentier à Paris. En le cherchant – on s’est un peu égaré - nous tombons sur le Hard Rock Café de la ville et nous en profitons pour déguster une boisson fraîche et acheter quelques souvenirs. Jiri aura son t-shirt de Bangkok, j’ai juste oublié de lui acheter deux petits verres de vodka, … quand on n’a pas de tête, n’est-ce pas ?
Finalement, nous nous faisons déposer en taxi à proximité du marché tant recherché et finissons notre promenade au pied de la tour Baiyoke II. Ancrée à près de 65 mètres sous terre, elle offre, du haut de ses 309 mètres, une vue superbe sur la ville. Nous nous laissons tenter par le buffet proposé en combinaison avec la vue panoramique au 78ème étage. Nous dégustons donc notre repas, tout en admirant, le nez collé à la vitre, le labyrinthe des routes et buildings qui s’étalent plusieurs centaines de mètres sous nos pieds.
Un peu fourbus – mais repus –, nous décidons de rentrer à l’hôtel, afin de nous débarbouiller un peu avant de repartir pour l’aéroport et reprendre l’avion vers Bangalore. Ouah, et ça rime en plus.
Les pt’ites infos de Wikipédia :
Le nom « Bangkok » a été composé à partir de deux anciennes langues indiennes, le pali et le sanskrit.
Exemple de l’écriture thaïlandaise : กรุงเทพมหานคร อมรรัตนโกสินทร์ มหินทรายุธยา มหาดิลกภพ นพรัตน์ราชธานีบุรีรมย์ อุดมราชนิเวศน์มหาสถาน อมรพิมานอวตารสถิต สักกะทัตติยะวิษณุกรรมประสิทธิ์
Bangkok (aujourd'hui le quartier de Thonburi) était un village situé sur la rive ouest du fleuve Chao Phraya. Après la destruction par les Birmans de la capitale Ayutthaya en 1767, le général Taksin, devenu roi, se replia en aval sur ce site et décida d'y fonder la nouvelle capitale. Devenu dément, il fut assassiné et remplacé par le général Chakri qui, sous le nom de Rama Ier, devint le premier roi de la nouvelle dynastie Chakri, qui règne encore aujourd'hui. En 1782, il décida, pour des raisons de défense, de transférer la capitale sur la rive gauche et commença des constructions fortifiées, aujourd'hui le Grand Palais. Le 21 avril 1782 est retenu comme date de fondation de la ville.
Le nom de Bangkok n'a plus été utilisé par les Thaïlandais depuis la fondation de cette capitale. Certains habitants des provinces les plus reculées du pays n'ont même jamais entendu parler de ce nom. Pour des raisons inconnues, ce changement n'a semble-t-il jamais été perçu par les étrangers, qui persistent, plus de 200 ans plus tard, à considérer à tort que le nom officiel est Bangkok.
Ben tiens, on ne va tout de même pas se priver et continuer de profiter à fond de cette chance incroyable qu'on a... Prépare tes baskets pour l'an prochain qui risque d'être chargé en déplacements divers et variés. Même s'il n'y a pas de concours en perspective, on trouvera bien une excuse valable pour vadrouiller!! Au plaisir de découvrir d'autres horizons en ta compagnie... Bravo pour cet article riche et fort intéressant.
RépondreSupprimerPS: Pourrais-tu la prochaine fois joindre un dico Belge/Français STP??? "drache"... J'rigoleuuu!!!