Le 12 décembre, comme prévu, nous avons tenu un stand au Devika Christmas Bazaar au profit de la slum school au sein de laquelle je fais du volontariat. J’ai cuit une septantaine de galettes … seule car, et ça par contre ce n’était pas prévu, Ilona-Marie et Eve-Lenka m’ont lâchement abandonnée. Elles ne se sont même pas données la peine de rentrer à la maison vendredi après l’école, elles sont directement parties pour une «sleepover» chez une amie. Eh oui, les enfants ici ont une vie sociale drôôôôlement chargée … Tout le monde habite dans un périmètre restreint et il est alors tellement simple de se rendre les uns chez les autres que les enfants ne s’en privent pas. D’autant que, grâce aux gsm, ils ont la sale manie de vous téléphoner du bus scolaire pour vous prévenir de leurs arrangements, histoire de vous inciter à dire « oui » plus facilement car « tu comprends, maman, si tu dis oui maintenant, je peux directement descendre au même arrêt de bus que ma copine … c’est plus facile … ». Ben voyons.
Bref, toutefois, elles sont venues me rejoindre sur le stand samedi matin avec leur copine ; ben oui, ce qui va dans un sens, va dans l’autre aussi. Conclusion, si vous dites oui pour une "sleepover", vous êtes pratiquement certain que vous récupérez la copine ou le copain le lendemain … Ceci dit, elles nous ont bien aidés pour la vente et nos petites galettes belges sont parties comme des petits pains. En fin de journée, tout avait été vendu. Les Indiens, de manière générale, préfèrent les galettes et les biscuits plutôt que le chocolat.
Après cela, comme toujours, nous avons, nous aussi, fait notre petit tour et comme de coutume, les filles sont restées en extase devant un tas de petites babioles tandis que Jiri et les garçons s'arrêtaient aux gadgets tel que ce bic laser : allez, on le prend, on le prend pas ...
On ne sait pas ce qui se dit mais ça a l'air de discuter ferme...
Un grand bonjour de François-Milan !
Ce n’est pas la première fois que je mentionne la slum school et je profite donc de l’occasion pour en toucher un petit mot :
c’est une hollandaise, Tineke, en partenariat avec d’autres organismes locaux, qui a mis cette association sur pied. Ce slum (bidonville) existe maintenant depuis près de 20 ans. Les gens qui y habitent sont ce que nous appellerions en Europe des « gitans », ainsi que des personnes sans statut social réel et qui, au gré du développement urbain, ont été repoussées de plus en plus vers le Sud. Le but de Tineke est d’améliorer la position sociale de ces personnes par l’éducation et elle tente d’y parvenir en travaillant à la source càd au niveau des enfants et des « très jeunes » mamans. Pour cela, nous développons 3 ateliers : cours d’anglais, art and craft et business. Je participe à l’atelier d’art and craft durant lequel nous proposons des travaux manuels en relation avec ce qu’ils ont appris au cours d’anglais. La semaine passée, au cours d’anglais, ils ont étudié du vocabulaire relatif aux différents moyens de transports, nous avons donc créé des activités en relation avec ce sujet. Ce sont souvent des activités simples à réaliser car non seulement nous avons peu de temps (la leçon dure à peine 1 heure) mais aussi parce que certains de ces enfants n’ont pas encore la dextérité nécessaire pour manipuler correctement un crayon ou des ciseaux. D’ailleurs, si nous proposions ces activités à des enfants occidentaux du même âge, ils nous riraient au nez mais eux qui n’ont rien, en redemandent.
Malgré tout, il n’est pas toujours aisé pour nous de maintenir l’ordre en classe car les élèves ne sont pas habitués à obéir à la voix mais bien au bâton : les professeurs locaux usent encore fréquemment de punitions corporelles et cela se remarque. Lors d’une de nos séances, nous voulions clôturer l’activité avec une chanson mais les enfants étaient tellement excités qu’il nous était pratiquement impossible de capter leur attention. Quand le professeur a remarqué la situation, il a brandi son bâton dans leur direction prêt à le laisser retomber sur les mollets ou les épaules les plus proches. Les enfants ont alors littéralement bondi sur leur banc, se bousculant pour être assis le premier … A partir de cet instant, le calme est revenu et la chanson a été interprétée sans plus d’incident.
D’autre part, les enfants eux-mêmes ne sont pas tendres entre eux non plus et il n’est pas rare de voir des gifles voler pour un oui ou pour un non. Shanokra, par exemple, approximativement 12 ans, distribue régulièrement des baffes à celui qui ose toucher à ses affaires. Il n’est pas contraire quand on lui dit qu’il ne peut pas agir ainsi mais malheureusement, le réflexe est déjà bien ancré et la fois suivante, la main vole encore … Par contre, il est parfois capable d’attention qu’on ne soupçonnerait pas vu le comportement que je viens de décrire : appelé par le directeur, Manikya, un de ses camarades de classe, a dû s’absenter les 15 dernières minutes d’une leçon en abandonnant son bricolage inachevé sur son banc. Voyant cela, et ayant pratiquement achevé le sien, Shanokra a spontanément terminé le bricolage de Manikya afin qu’il puisse le récupérer fini lors de son retour en classe.
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