Curieusement, ce périple d’à peine 6 jours nous permettra de faire une incursion dans 3 états différents de l’Inde du Nord : à la frontière du Penjab et de l’Uttar Pradesh (pour les villes de Delhi et New Delhi), dans l’Uttar Pradesh (pour la ville d’Agra) et dans le Rajasthan (pour les villes de Jaipur et la réserve des tigres de Ranthambore).
Jour 1 - Samedi, 2 janvier 2010
La veille du départ, nous étions plus que prêts mais cela ne nous a pas empêché de débuter ce voyage dans la précipitation. En effet, par je ne sais quel concours de circonstances, ni Jiri ni moi-même n’avons entendu nos réveils respectifs et, sans l’intervention téléphonique de Shiva (notre chauffeur), nous étions bien partis pour rater l’avion. Si nous avions été des personnages de dessins animés, vous nous auriez vus « jaillir » de notre lit jusqu’à nous cogner au plafond, « rebondir » et « retomber » à la verticale dans nos vêtements.
Nous sommes arrivés plus ou moins dans les temps à l’aéroport mais nous n’étions pas encore au bout de nos peines ; après avoir passés in extrémis le contrôle des passeports et la fouille (il y avait un monde fou à 5h du matin), le last call pour le vol de Delhi vibrant dans nos oreilles, nous avons couru pour ne pas rater l’avion. Enfin, confortablement installés dans nos sièges et, il faut bien l’avouer, plutôt soulagés, nous avons alors eu l’immense déplaisir d’apprendre que compte tenu du brouillard et d’un instrument défectueux à l’aéroport de Delhi, nous ne pouvions décoller à l’heure. Vissés bien sagement à nos sièges, nous n’avons pris notre envol que 3 heures plus tard. Coup de chance, malgré que le vol n’est censé durer que 2h30, les sièges étaient équipés d’écrans TV … et les enfants n’ont donc pas bronché outre mesure. La dernière des dernières ; tel un oiseau de proie, nous avons encore dû voler en cercle au-dessus de Delhi une heure durant car nous étions le 9ème avion en attente d’atterrissage sur une file de … je ne sais combien d’avions en tout. Nous venions de perdre 4 heures sur notre programme de visites mais, étonnamment, toutes ces péripéties n’avaient pas réussi à freiner notre excitation à la perspective de ce voyage-découverte.
Midi de ce même jour, nous voilà donc à Delhi et, après un rapide check-in à l’hôtel (et avoir enfilé nos pulls et parkas car brrrrrrrr, il fait drôlement froid ici), nous voilà en route pour un petit tour de la ville. Première impression, Delhi et New Delhi ne sont pas plus propres que Bangalore et la circulation y est bien entendu très dense aussi.
A l’est de la ville, nous faisons un premier arrêt au Rajghat, un parc dans lequel un grand podium de pierre marque l’emplacement où fut incinéré le corps du Mahatma Gandhi, le 31 janvier 1948. Nous grimpons une rampe d’accès à droite pour voir le podium d’en haut alors que des fidèles s’avancent sous le porche, pieds nus, afin de se recueillir tout près du monument. Aux alentours, il y a des pelouses sur lesquelles des familles semblent flâner et se détendre. Nous croisons beaucoup d’écoliers qui ne peuvent s’empêcher de nous jeter des regards furtifs ou qui, au contraire, nous dévisagent carrément. Les rires vont bon train et comme toujours, nous sommes une attraction. Nous achetons quelques galettes de graines et de cacahouètes à un vendeur ambulant, histoire de goûter, et nous nous dirigeons vers la sortie avec, aux oreilles, les hurlements d’un gardien du parc qui réprimande verbalement et physiquement un des adolescents qui avait osé arracher une rose d’un des parterres fleuris. Pas question de rigoler avec ça ici.
Humayun fut le premier des Moghols (descendants de Gengis Khan) à être enterré en Inde et son tombeau est devenu le modèle de référence pour les autres tombeaux Moghols. Il a d’ailleurs probablement aussi servi de modèle au célèbre Taj Mahal. C’est également une des premières fois en Inde que les architectes ont utilisé les procédés de construction venant de Perse et d’Asie Centrale comme par exemple, la double coupole, qu’on peut voir dans le Taj Mahal. Il est vrai que, comme nous avons visité ce tombeau avant le Taj Mahal, nous avons pu constater que la ressemblance était très frappante. Le choix d’entourer le tombeau au milieu de jardins fleuris était aussi une nouveauté. Le but étant que celui qui pénétrait dans ce magnifique ensemble, où régnaient la grâce et la sérénité, avait l’impression de voir, à l’avance, les jardins d’Allah. La visite a été très intéressante et très appréciée d’autant qu’il n’y avait pas trop de visiteurs et que nous avons pu goûter un peu de cette sensation de calme et de plénitude, … chose dont nous n’avons pu profiter en visitant le Taj Mahal tant il y avait du monde.
A la fin de cette visite, l’après-midi est déjà bien avancée et nous redoutons de ne pouvoir visiter le Qutb Minar ce même jour. Il est quasi 17h quand nous arrivons devant les guichets. Chose étrange, il y a une file interminable devant ces mêmes guichets alors que la vente des derniers tickets se clôture à 17h… C’est là que nous apprenons qu’il existe une visite nocturne. La chance est donc avec nous, nous allons pouvoir accéder à cette fameuse tour encore aujourd’hui. Lorsque nous pénétrons enfin sur le site, nous avons tout juste le temps de l’admirer avant que le soleil ne se couche.
Quand les musulmans prirent l’ancienne capitale hindoue de Lal Kot (vers le 12ème siècle), ils construisirent leur propre ville avec en premier lieu, une mosquée et une tour monumentale, le Qutb Minar. Cette tour était comme une tour de la victoire censée symboliser le nouveau pouvoir et était utilisée également comme minaret pour la mosquée. Elle s’élève à 72,55 mètres (quelle précision) et comporte cinq étages, chacun délimité par un balcon ; les trois premiers étages sont en grès rouge et les deux derniers en marbre. Honnêtement, nous ne nous attendions pas à être séduits par ce minaret mais il faut bien reconnaître que c’est un ouvrage très curieux, un peu fantasque qui présente, en définitive, une structure très agréable à regarder. Les trois premiers étages sont en fait cannelés mais avec une alternance de courbes et d’arêtes, ce que nous n’avions pas remarqué au premier coup d’œil vu la pénombre. Finalement, c’est peut-être cette tour qui est l’élément le plus inattendu de nos visites.
La visite terminée, nous rentrons à l’hôtel pour déguster notre repas et profiter d’une bonne nuit de sommeil car demain, nous nous levons à 7h pour démarrer à 8h en direction d’Agra. Le Taj Mahal nous attend et 5 heures de route aussi.
Jour 2 - Dimanche, 3 janvier 2010
8h00 ; après un copieux petit déjeuner, nous continuons notre voyage vers Agra, non sans auparavant faire un bref arrêt à l’India Gate. On nous explique que cet « arc de triomphe » en grès rouge a été élevé à la mémoire des soldats indiens et britanniques morts durant la première guerre mondiale et la troisième guerre afghane. Les noms des soldats sont gravés sur toute la façade. En face, se dresse un dais, en grès rouge également, et qui auparavant abritait une statue du roi Georges V. Arrivés très tôt sur place, enveloppés dans une nappe de brouillard matinal, l’atmosphère nous semble presque irréelle tant il est inhabituel, en Inde, de se retrouver isolés et au calme. Seuls les soldats de faction devant l’India Gate nous observent …
Frileusement, nous remontons dans la voiture et nous nous apprêtons pour notre trajet de cinq heures qui, nous le savons d’avance, nous réservera bien des surprises à découvrir le long des routes, des champs, des villages, …
Inutile de décrire tout cela en détail, rien de tel que quelques images. A travers ces photos, vous ne bénéficiez ni de l’odeur ni du son mais je peux vous affirmer que l’un et l’autre y occupent une part importante et parfois même carrément stressante ; klaxons, cris, invectives, coups de frein, bousculades, effluves, tôle et chair humaine agglutinées … tout cela nous confirmant que jamais nous n’oserions prendre le volant dans un capharnaüm pareil. «Courageux mais pas téméraires» comme diraient certains.
Vers 14h, nous voici enfin à proximité du monument tant attendu ; le Taj Mahal. Un monde fou se presse et se bouscule, et nous avons peine à imaginer que notre entrée dans ce «paradis d’Allah» s’apparente davantage à un premier jour de soldes rue Neuve plutôt qu’à un instant de sérénité et de recueillement. Finalement, c’est la vision du Taj Mahal juste avant de pénétrer dans les jardins qui me restera en mémoire. Le temps, couvert et brumeux, offrait à l’arrière du mausolée, lui-même très clair, un arrière fond quasi blanc, donnant l’illusion que tout l’édifice flottait dans les airs. C’était très beau. Dommage que la photo prise par Jiri à ce moment-là ne rende pas vraiment la même sensation. Par après, nous nous avançons entre les parterres et les bassins.
En 1993, comme la blancheur du Taj Mahal prenait de plus en plus une teinte jaunâtre à cause du dioxyde de soufre émis par les industries de la ville, la Cour suprême de Delhi a ordonné la fermeture de près de 200 usines et ateliers d’Agra (usines chimiques, verreries, tanneries). Décidément, il devient de plus en plus difficile dans nos sociétés actuelles de conserver toutes les splendeurs du passé.
Nous étions ensuite censés visiter le Red Fort mais il est déjà presque 17h, le jour va bientôt tomber et, comme nous ne souhaitons pas faire cette découverte au pas de course, nous demandons à notre chauffeur de nous emmener voir quelque chose d’intéressant avant de nous déposer à l’hôtel. C’est ainsi que nous nous retrouvons dans un atelier où l’on travaille le marbre. Un guide nous explique le processus d’incrustation qui, il faut bien le dire, ressemble à un vrai travail d’orfèvre tant les pièces à découper et polir sont parfois minuscules. La durée de réalisation de certaines tables, à raison de deux ouvriers par table, peut aller jusqu’à 2 ans. Bien entendu, il nous fait ensuite visiter son magasin ; une véritable caverne d’Ali Baba avec des objets tous plus beaux les uns que les autres. Heureusement qu’on a dit qu’on n'achetait rien sinon on serait peut-être repartis avec plus qu’une table, deux petits éléphants et deux petites boites rectangulaires. Mais les deux magnifiques paons bleus ont subjugué Jiri qui n’a pu résister à un si bel ouvrage.
Il est déjà maintenant 19h et c’est ici que se termine notre journée à Agra. Il est temps de passer à l’hôtel pour un bon repas et une bonne nuit de sommeil.
Jour 3 - Lundi, 4 janvier 2010
Comme d’habitude, nous prenons un petit déjeuner matinal afin d’avoir le temps de visiter le Fort Rouge d’Agra et Fatherpur Sikri, avant de prendre la route de Jaipur.
Le Fort Rouge : C’est l’empereur moghol Akbar qui fit construire cette impressionnante forteresse entre 1565 et 1574. Mais c’est sous le règne de Shah Jahan (celui qui fit ériger le Taj Mahal) que furent érigé la plupart des bâtiments intérieurs. En visitant ce fort, constitué de palais, corridors, halls pour les réceptions, pavillons et kiosques, on peut se rendre compte de la puissance de cet empire qui couvrait la majeure partie de l’Inde : à son apogée, la main d’œuvre humaine et les ressources financières y étaient quasi inépuisables. Une puissante enceinte d’un peu plus de 2km défendait la forteresse et quatre portes y donnaient accès mais il n’en reste plus que deux : la porte de Delhi et la porte d’Amar Singh devenue l’entrée principale pour les visites. Nous passons par la rampe à éléphants pour accéder à l’intérieur du complexe.
Le Diwan-I-Am (salle des audiences publiques – en opposition au Diwan-I-Khas, la salle des audiences privées) : l’empereur prenait place dans la loge surélevée en marbre blanc. En dessous de cette loge, il y a encore la plate-forme de marbre destinée au grand vizir et aux plus hauts dignitaires de l’empire ou encore aux ambassadeurs. Des deux côtés de la loge, il y a une série de fenêtres en claires-voies qui permettaient aux dames de la cours d’assister aux audiences sans être vues.
En arrivant dans le palais, nous sommes accueillis par des gémissements : c’est là que nous découvrons un chien « piégé » sur l’auvent de la cour intérieure. Il avait certainement basculé d’une des galeries qui longent le pourtour du bâtiment. Nous essayons de l’aider à redescendre mais sans succès car aucun accès pour le premier étage n’est visible. Il s’était probablement faufilé à travers les barreaux d’une porte grillagée condamnant un accès interdit aux visiteurs. Les enfants, perturbés, surtout Jan-Christophe, nous supplient de faire quelque chose … mais quoi ? Jiri et moi - et les autres touristes aussi d’ailleurs – nous sentons démunis face à cette situation car aucun employé n’est présent. Sans compter que nous avons déjà peur de ce qu’ils pourraient faire pour tenter de déloger l’animal, sachant qu’ils n’apprécient pas les chiens outre mesure. Nous décidons donc de poursuivre la visite et promettons aux enfants de repasser par cette cour avant de quitter le fort et d’essayer de prévenir quelqu’un avant de partir si la situation n’avait pas évolué d’ici là.
La visite terminée, j’ai contraint les enfants à attendre à l’extérieur pendant que je retournais voir le chien dans le palais. Apparemment, les cris du malheureux animal avaient réussi à rameuter quelques employés qui tentaient vainement, sous le regard consterné d’un groupe de touristes, de l'attraper. Queue entre les jambes, tout à la fois tremblant de peur et montrant les crocs, l’animal n’allait pas faciliter les choses à ses sauveteurs. En partie soulagés, nous nous sommes dirigés vers la sortie, juste après avoir posés pour un groupe d’indiens désireux de nous prendre en photo. Quand je vous dis qu’on est une attraction …
Nous prenons alors la route vers Jaipur en nous arrêtant en chemin, vers 11h, pour visiter Fathepur Sikri :
La visite terminée, j’ai contraint les enfants à attendre à l’extérieur pendant que je retournais voir le chien dans le palais. Apparemment, les cris du malheureux animal avaient réussi à rameuter quelques employés qui tentaient vainement, sous le regard consterné d’un groupe de touristes, de l'attraper. Queue entre les jambes, tout à la fois tremblant de peur et montrant les crocs, l’animal n’allait pas faciliter les choses à ses sauveteurs. En partie soulagés, nous nous sommes dirigés vers la sortie, juste après avoir posés pour un groupe d’indiens désireux de nous prendre en photo. Quand je vous dis qu’on est une attraction …
Nous prenons alors la route vers Jaipur en nous arrêtant en chemin, vers 11h, pour visiter Fathepur Sikri :
C’est également le Grand Moghol Akbar qui érigea cet excentrique complexe vers 1571. Akbar était, parait-il, illettré mais avait un esprit curieux et universel : il aimait beaucoup entendre débattre les philosophes hindous, musulmans, bouddhistes, jaïns, zoroastriens et même chrétiens (jésuites portugais). Par la suite, il voulut même réunir toutes les religions de son empire (ce qui n'a pas fonctionné bien entendu). Mais c’est pour cela qu'à Fathepur Sikri, des bâtiments à décoration tant musulmane que bouddhique ou chrétienne se cotoient étroitement. Fathepur Sikri fut la capitale de l’Empire moghol pendant 14 ans. Akbar l’abandonna en 1585 quand il prit Lahore pour capitale afin de mieux organiser ses opérations militaires.
Côté Palais :
Côté Palais :
Le bassin Anup Talao : qui était situé juste en face des appartements privés de l’empereur. C’est sur cette plate-forme que se tenaient les chanteurs et musiciens. La légende dit que les chants de Tansen, un chanteur très célèbre à la cour, avaient le pouvoir magique d’allumer les lampes à huile.
La Cour du Pachhisi : dont le sol est dallé en croix et au centre duquel, assis sur un banc de pierre, l’empereur jouait au chaupur avec ses courtisans (sorte de jeu d’échec). Les pions étaient des pions vivants tels que des prisonniers de guerre.
La Cour du Pachhisi : dont le sol est dallé en croix et au centre duquel, assis sur un banc de pierre, l’empereur jouait au chaupur avec ses courtisans (sorte de jeu d’échec). Les pions étaient des pions vivants tels que des prisonniers de guerre.
Le Panch Mahal : réservé aux reines d’Akbar et à leurs suites. Sa forme pyramidale évoque très fort les temples de bois du bouddhisme. Il comporte 176 colonnes dont 84 au rez-de-chaussée car 84 était un nombre considéré par les hindous comme étant d’excellent augure.
Le site est grandiose et avec ses larges espaces et ses bâtiments aux coloris rosés, il nous invite à la flânerie. On se laisse porter par notre imagination, essayant de visualiser cette vie de roi, cette esplanade animée par le passage des membres de la cour plongés dans leur vie d’oisiveté, de découvertes, de musiques, de danses, d’arts, … Et les bâtiments, s’ils ont une aspect brut, n’en regorgent pas moins d’une multitude de détails minutieux nous incitant à poser notre nez un peu partout, toujours plus près pour admirer la finesse des sculptures. Une très belle visite.
Côté grande mosquée :
La Badshahi Darwaza (la porte royale) : c’est la porte que franchissait l’empereur lorsqu’il arrivait de son palais. C’est par cette porte que nous pénétrons dans la cour intérieure de la mosquée, sans oublier d’ôter nos chaussures avant d’y pénétrer.
Buland Darwaza (la porte sublime) : Akbar fit ériger cette porte pour commémorer sa victoire sur le Gujarat en 1573.
Juste en face, se trouve le tombeau de Sheikh Salim Christi.
Pour la petite histoire : Akbar, désespéré de n’avoir pas d’héritier mâle, fit appel à un sage, Salim Christi qui lui prédit qu’un successeur lui naitrait bientôt. Ce qui fut le cas puisqu’en 1568, naissait son fils Jahangir. Depuis, le tombeau de Salim Christi attire de nombreuses personnes, tant hindoues que musulmanes, qui espèrent la venue d’un enfant et font une offrande en attachant de petits rubans de coton au treillis de marbre qui entourent la tombe. Nous ne sommes pas allés jusqu’à faire une offrande, … merci nous sommes déjà servis, … mais nous avons jeté un œil à l’intérieur, tête couverte (obligatoire) … d’où l’élégant couvre-chef de Jiri.
Notre trajet de Agra à Jaipur en quelques images :
Jour 4 - Mardi, 5 janvier 2010
Après un déjeuner aussi tristounet que le souper d’hier soir, nous sommes prêts à attaquer la visite du fort Amber … « Encore un ! » diront en cœur les enfants. Eh oui encore un… Nous rencontrons notre nouveau guide indien qui, incroyable, parle français parce que, re-incroyable, il a vécu quelques années en Belgique. Il a, parait-il, des amis du côté de Verviers (et non il ne parlait pas avec l’accent liégeois).
Jaipur : si on trouvait Delhi bien plus bondée que Bangalore, que dire alors de Jaipur. La première vision, c’est cette cohue, cet agglomérat de véhicules divers qui s’entrecroisent dangereusement. Une vision qui vous donne des frissons dans le dos en découvrant ces piétons (hommes, femmes, enfants), ces cyclo pousse-pousse surchargés, ces vélos, ces motos, ces voitures, ces camionnettes, ces bus, ces camions qui se frôlent continuellement, à la limite de la catastrophe … du moins pour nos yeux d’occidentaux. Pas de feux de signalisation, pas de routes bien délimitées, pas de passages piétons, … et pourtant, on avance, incroyable.
Jaipur est la capitale de l’état du Rajasthan et est appelée « la ville rose » parce que … elle est toute rose, comme c’est original. Il parait que c’est le roi de l’époque qui, lors de la visite du Prince de Galles Edward 7 (je crois), aurait demandé à ce que l’on repeigne la ville en rose afin de la rendre plus présentable et lui donner un effet plus unifié.
Premier arrêt, le Hawa Mahal (le palais des vents) : Edifié en 1799, ce bâtiment s’élève sur 5 étages mais n’a quasi aucune profondeur. Ce n’est en réalité qu’une simple façade derrière laquelle les femmes de la cour se tenaient afin de suivre les festivités de la rue sans être vues elles-mêmes. Le temps de prendre quelques photos et d’admirer la construction d’un peu plus près, nous voilà en route pour le fort Amber.
Le fort d'Amber est en fait un ancien fort datant du 11ème siècle sur lequel un premier maharaja érigea une citadelle vers le 16ème siècle et un deuxième, vers le 17ème siècle, y construisit de somptueux bâtiments.
Nous montons jusqu’au sommet à dos d’éléphants. Ce choix, très touristique, n’est pas vraiment celui que Jiri et moi-même préférons, mais nous sentons bien qu’il est temps d’accorder une activité plus folklorique aux enfants. Même si la montée s’est faite dans la cohue et que la rampe à éléphants ressemblait étrangement à un tronçon d’autoroute, les enfants ont appréciés la ballade et c’était très bien ainsi.
Le Shish Mahal (la salle des miroirs) : les murs et le toit de cette salle sont entièrement recouverts de minuscules morceaux de miroirs convexes. Les grandes pièces de miroir venaient de Belgique (eh oui) et ils étaient taillés sur place. On allumait les bougies dont les flammes se reflétaient sur les miroirs et transformaient alors le plafond en une voûte céleste.
Ganesh Pol (la porte de Ganesh) : cette grande porte à trois étages, construite en 1640, donne accès aux appartements privés. A gauche et à droite de la porte, au premier étage, il y a à nouveau une série d’écrans en marbre ajourés afin de permettre aux femmes de suivre les cérémonies qui se déroulaient dans la cour intérieure.
Palais des femmes : un des rois de l’époque avait, parait-il, 12 femmes «officielles» qui se chamaillaient continuellement pour obtenir ses faveurs et se jalousaient constamment à ce sujet. Afin d’éviter ces désagréments, il fit construire 12 appartements individuels avec une cour intérieure : 3 sur chaque côté. Lui-même accédait à l’un des appartements de son choix par un corridor extérieur, aucune des femmes ne sachant alors chez qui il avait décidé de se rendre.
Les frises ci-dessous sont celles qui décoraient les murs intérieurs de la cour. Elles sont très belles à voir dans la réalité. C’est à cet endroit aussi que l’on voit le magnifique bleu du ciel au travers des carrés ouverts situés en hauteur. On pourrait presque les prendre pour des carrés de mosaïque tant le bleu est lumineux.
Le temps passe et nous nous dirigeons maintenant vers Jantar Mantar et le City Palace.
Les frises ci-dessous sont celles qui décoraient les murs intérieurs de la cour. Elles sont très belles à voir dans la réalité. C’est à cet endroit aussi que l’on voit le magnifique bleu du ciel au travers des carrés ouverts situés en hauteur. On pourrait presque les prendre pour des carrés de mosaïque tant le bleu est lumineux.
Le temps passe et nous nous dirigeons maintenant vers Jantar Mantar et le City Palace.
L'observatoire Jantar Mantar : Sawai Jai Singh II était un maharaja féru d’astronomie et il se tenait au courant de toutes les nouvelles découvertes. Il fit construire 5 observatoires dont le plus colossal est le Jantar Mantar à Jaipur (1728-1734). Quasi tous les instruments s’y trouvant ont une taille gigantesque. Il parait que Jai Singh pensait que des instruments colossaux seraient plus précis.
Jai Prakash Yantra : ces deux hémisphères en creux représentent la carte du ciel.
Il y a aussi beaucoup de cadrans solaires :
Un peu plus loin, nous découvrons le City Palace Museum. Le city palace est la résidence des maharajas de Jaipur depuis le 18ème siècle et le style architectural est un mélange rajpoute et moghol. Aujourd’hui, une partie des bâtiments, transformés en musée, sont accessibles au public. Nous y avons fait un tour.
Pritam Chowk : (la cour de la bien-aimée) : elle est accessible par 4 portes dont les peintures représentent les quatre saisons.
Rajendra Pol (la porte monumentale) : de chaque côté, deux gros éléphants montent la garde. Chaque éléphant est taillé dans un bloc de marbre fait d’une seule pièce.
Les deux jarres en argent qui se trouvent dans la salle des audiences privées figurent dans le Guiness book des records car ce sont les plus grandes pièces en argent du monde. Elles pèsent chacune 245 kg et ont une contenance de 4000 litres. Il parait que c’est le maharaja Madho Singh II, en visite à Londres en 1901, qui y a fait transporter l’eau sacrée du Gange afin de pouvoir y faire ses ablutions. Et dire que certains n'avaient même pas de quoi se payer à manger …
Avant de quitter Jaipur, nous faisons encore un arrêt au palais de l'eau où le maharajah venait se divertir en écoutant de la musique et de la poésie,
et dans un magasin de tissus où on nous explique, succinctement, le travail du «block printing» : sorte de tampons en bois avec un motif gravé dessus que l’on trempe dans de la couleur naturelle et que l’on applique par couche successives sur le tissus afin de former un dessin. Les couleurs utilisées sont le bleu indigo (qui provient de la fleur d’indigo), le rouge (canne à sucre), le vert (feuilles de manguier), le jaune (plante turméric), l’orange (tournesol) et enfin le noir (Carbone).
C'est là qu'Ilona-Marie se prête gracieusement à l’essayage d’un sari afin que le propriétaire nous montre comment tous ces mètres de tissus (5 mètres et demi d’après ce qu’on nous a dit) s’enroulent harmonieusement autour d’elle. Inutile de dire que nous serions bien incapables de reproduire les gestes et la succession des étapes de «mise en plis». Je crois qu’il nous faudrait quelques heures d’entrainement …
14h30, il est grand temps de nous mettre en route pour la réserve naturelle de Ranthambore que nous atteindrons vers 18h30. Ce sont les enfants qui sont contents, ils attendent cela avec impatience depuis le début du séjour. Après avoir tâtonné pour trouver le campement avec les tentes, eh oui, on dort sous tentes, on est fou … nous arrivons enfin. La température est redevenue fraîche et pour nous tenir chaud, nous dormons à trois par double lit emmitouflés dans nos pulls. Et finalement, nous avons plutôt bien dormi, mieux qu’à Jaipur dans les courants d’air.
Le Trajet vers Ranthambore en images :
Jour 5 - Mercredi, 6 janvier 2010
Le parc national de Ranthambore s’étend sur 275 km et est, comme beaucoup de parcs, une ancienne réserve de chasse des maharajahs de Jaipur, transformée en réserve de tigres depuis 1973.
7 heures du matin, avant même de déjeuner, emmitouflés dans nos pulls et parkas, nous embarquons dans le bus à toit ouvert qui nous conduit jusqu’à l’entrée de la réserve. A cette heure du jour, il fait encore frais et brumeux et avec la vitesse du véhicule, le vent nous glace littéralement. Heureusement, juste avant de pénétrer dans la réserve, des vendeurs indiens (les petits malins) nous proposent des passe-montagnes à acheter. Ils sont horribles mais Ilona-Marie, Eve-Lenka et Jan-Christophe sont tellement frigorifiés que nous leur en prenons chacun un. Heureusement, plus tard, le soleil fera son apparition et nous facilitera les choses.
Après une demi heure de « chasse photographique» infructueuse, les enfants s’impatientent sérieusement de ne pas voir apparaitre le félin tant attendu et moi-même, je commence à désespérer. Rebrousser chemin sans avoir vu un seul tigre, voilà qui clôturerait ce voyage de manière un peu décevante … Allez, on croise les doigts et … En voici un ! Enfin, une … nous dit-on. Elle est magnifique et, telle une grande dame qui nous snobe, elle renifle consciencieusement le sol en passant et repassant devant notre véhicule. Intrigués de la voir porter un collier, on nous explique que, si ces animaux sont laissés en quasi liberté (ils ne sont pas nourris et chassent donc eux-mêmes), certains portent un collier pour retracer leur parcours, et nous supposons aussi que cela aide les guides à diriger les bus et jeeps dans la bonne direction. Toutefois, il est interdit de sortir des pistes et même si vous êtes à proximité d’un endroit où se trouvent des tigres, vous devez espérer qu’ils s’approchent suffisamment de ces pistes pour avoir une chance de les admirer. Et de la chance, on en a apparemment eu beaucoup puisque, d’après le voisin de siège de Jiri, certaines personnes sont déjà venues plusieurs fois sans en voir un seul.
Allez, tout le monde est heureux d’avoir pu admirer « THE » félin et le froid et la fatigue sont définitivement oubliés. D’ailleurs, le soleil commence à percer et la chaleur s’installe. Vers 9h45, nous sommes de retour au camp et nous dévorons, en plein air, notre petit déjeuner. Quel bonheur.
En fin de matinée, nous visitons un «Women Craft Village». Il s’agit d’un centre où on vend des produits locaux (pachminas et tapis essentiellement) provenant des différents villages de la région. Apparemment, le gouvernement a décidé de donner un coup de pouce à un groupe particulier de personnes défavorisées, principalement des femmes seules dont les moyens de subsistance sont limités. Il leur fourni le matériel et leur donne une formation pour leur permettre de réaliser des tapis que les responsables du centre leur achètent régulièrement. Ceux-ci les revendent alors dans les grandes villes ou aux touristes qui passent directement par le centre. Il parait aussi que l’argent qu’ils récoltent est alors réinjecté dans des projets destinés à améliorer la situation de tous ces villages défavorisés. Les tapis sont en poils de chameaux, en laine de mouton (plus doux) ou encore en soie.
En fin de matinée, nous visitons un «Women Craft Village». Il s’agit d’un centre où on vend des produits locaux (pachminas et tapis essentiellement) provenant des différents villages de la région. Apparemment, le gouvernement a décidé de donner un coup de pouce à un groupe particulier de personnes défavorisées, principalement des femmes seules dont les moyens de subsistance sont limités. Il leur fourni le matériel et leur donne une formation pour leur permettre de réaliser des tapis que les responsables du centre leur achètent régulièrement. Ceux-ci les revendent alors dans les grandes villes ou aux touristes qui passent directement par le centre. Il parait aussi que l’argent qu’ils récoltent est alors réinjecté dans des projets destinés à améliorer la situation de tous ces villages défavorisés. Les tapis sont en poils de chameaux, en laine de mouton (plus doux) ou encore en soie.
Nous retournons ensuite sur Jaipur où nous espérons profiter d’une bonne nuit de repos avant de rejoindre Delhi et reprendre l’avion vers Bangalore le jeudi 7 janvier.
Le Nord de l'Inde c'est ... vraiment différent du Sud, rien à voir avec le voyage au Kerala. Mais comme toujours, nous avons adoré car pas une seconde notre regard n’a été au repos tant il y avait des choses inattendues et inhabituelles à découvrir, pour nous occidentaux à la vie facile.
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